Soutenance de thèse de Emmanuel PUI

Ecole Doctorale
ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille
Spécialité
Archéologie
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Religion,villa,Gaule,Germanie,Haut-Emire,
Keywords
Religion,villa,Gaule,Germany,
Titre de thèse
Espaces et pratiques cultuels dans les villas en Gaule et en Germanie durant le Haut-Empire
Spaces and cult practices in villas in Gaul and Germany during the High Empire
Date
Vendredi 4 Mars 2022
Adresse
MMSH (AMU/CNRS) 5, rue du Château de l’Horloge CS 90412 – 13097 Aix-en-Provence cedex 2
Salle Georges Duby
Jury
Rapporteur Mme Françoise VAN HAEPEREN Université catholique de Louvain
Rapporteur M. Pierre NOUVEL Université de Bourgogne
Examinateur Mme Valerie HUET Université de Bretagne occidentale
Président M. Xavier LAFON Université d’Aix-Marseille
Examinateur M. William VAN ANDRINGA École Pratique des Hautes Études
Directeur de these Mme François QUANTIN Université d’Aix-Marseille
Directeur de these Mme Corinne ROUSSE Université d’Aix-Marseille

Résumé de la thèse

Cette thèse constitue une analyse des pratiques cultuelles identifiées archéologiquement au sein des villas de Gaule et de Germanie romaines durant le Haut-Empire. Ce travail s’inscrit à la fois dans le champ des recherches visant à approfondir notre connaissance des centres domaniaux gallo-romains et dans les travaux menés sur les pratiques cultuelles antiques. Chaque villa formait une communauté dirigée par un dominus. Elle était dotée d’une organisation cultuelle spécifique s’inscrivant dans le cadre religieux local. Cette organisation était en partie héritée de l’histoire du domaine et de celle de ses propriétaires successifs, et évoluait suivant des dynamiques familiales, économiques et culturelles propres. Ainsi, l’analyse des pratiques cultuelles qui s’y déroulaient vise un double objectif. Elle offre des contextes d’étude favorables à l’approfondissement de nos connaissances sur la nature des cultes privés en Gaule et en Germanie. De plus, elle nous fournit des clés de compréhension de l’histoire particulière de certaines villas. Pour mener ce travail, j’ai établi un catalogue constitué de plus de 230 centres domaniaux, à l’intérieur ou à proximité desquels ont été découverts des vestiges à signification cultuelle. Ce recensement comprend 122 édifices cultuels (certains ou supposés), 20 colonnes cultuelles, 83 dépôts rituels et plusieurs centaines d’artefacts (figurines, statues, autels, stèles, rouelles métalliques, objets miniatures, etc.). Les différentes catégories d’aménagements, dépôts et objets font l’objet de descriptions détaillées. Un travail de comparaison et de mises en série permet de faire émerger quelques caractéristiques formelles communes à ces contextes, identifiables pour certaines périodes ou aires géographiques. Ces données sont ensuite confrontées aux sources italiennes. La région de Pompéi a livré de très nombreux vestiges matériels de pratiques cultuelles privées, notamment au sein des villas. D’autre part, les traités agronomiques romains de la fin de la République et du début de l’Empire, ainsi que les descriptions que certains auteurs font de leurs propres domaines ruraux complètent utilement nos connaissances sur ce sujet. Ils définissent le cadre cultuel à l’intérieur duquel se déroulaient les activités des villas et décrivent de nombreuses pratiques rituelles dont la plupart ne peuvent être documentées par l’archéologie. Les dieux accompagnaient les humains dans toutes leurs activités. Ils assuraient également la protection et la surveillance des espaces. Cette omniprésence est confirmée par la très grande variété des vestiges recensés dans notre catalogue et par la diversité de leurs lieux de découverte. En outre, certains dépôts rituels ou dépotoir d’objets cultuels nous renseignent sur les cérémonies organisées pour ces divinités. Nous replaçons également les données issues des villas étudiées, dans leur cadre historique et géographique. Il apparaît notamment que les formes rituelles identifiées ont évolué aux mêmes rythmes et suivant les mêmes modalités que celles ayant cours sur l’ensemble des territoires dans lesquels ces centres domaniaux étaient implantés. Ainsi, les divinités honorées, qu’elles soient issues du panthéon romain ou héritières d’une tradition locale, ne diffèrent pas de celles présentes dans les demeures urbaines ou les habitats ruraux plus modestes. L’association d’un sanctuaire et d’un centre domanial reste rare et n’est pas spécifique aux plus grands établissements. Le plus souvent attestée en des points charnières du territoire, elle constitue un témoignage de la domination exercée par les propriétaires sur la population environnante. Enfin, certaines villas investissaient ou réinvestissaient des lieux de mémoire communautaire, qu’il est quelquefois possible de faire remonter à la période de la création de la cité. Nous observons alors un processus de légitimation d’un pouvoir local par une appropriation familiale de l’histoire d’un territoire.

Thesis resume

This thesis consists in an analysis of archaeologically identified cult practices within villas of Gaul and roman Germany through the High Roman Empire. This work focuses both on the field of researches aiming at getting in-depth understanding of gallo-roman estates and also in research works led on ancient cult practices. Each villa, forming a community led by a dominus, was provided with a specific worship organization. This was partly inherited from the estate’s story and from its successive (land) owners and would evolve owing to its own family, economic and cultural dynamics. This way, the analysis of cult practices that would take place in these estates has a double aim. It gives favourable study contexts to analyse private cults in Gaul and Germany. Furthermore, it also gives us keys for better understanding of the particular story of some of these villas. To achieve this work research, I made a catalogue done with more than 230 estates, within or near which, characteristic cult remains had been discovered. This inventory includes 122 cult buildings, sure or supposed, 20 cult columns, 83 ritual deposits and hundreds of artefacts (figurines, statues, altars, headstones, metal roundels, miniature items, etc…). The different categories of layouts, deposits and items are described in details. A work of comparison and series allows to point out some formal characteristics shared in these contexts, identifiable for specific times or geographic areas. Then, these data are compared to Italian sources. The area of Pompeii revealed numerous remains of private cult practices notably within villas. Roman agronomic treaties from the end of the Republic and the beginning of the Empire along with descriptions made by some authors about their own rural estates usefully complete our knowledge on the topic. They define the worship framework where the agricultural estates’activities took place and describe the numerous ritual practices, whose activities cannot be explained by archaeology. Gods would guide humans in all their daily activities. They would guarantee protection and surveillance of the premises. This ubiquity is confirmed by the vast variety of remains listed in our catalogue and also by the diversity of the places where they were found. The ritual deposits and the dumping-ground for cult items enlighten us about the ceremonies regularly held to worship divinities. We also put into perspective the data taken from all the villas we studied, in their historical and geographical context. It shows that the various ritual forms we identified would evolve at the same pace and according to the same ways as those observed on the whole territory where these estates were established. Therefore, the worshipped divinities, either from the Roman Pantheon or heirs of local traditions, are not different from those present in urban dwellings or in humble rural households. The association of a sanctuary and a villa remains scarce and not specific to the biggest among them. Located most of the time in tipping points of the territory, it represents a testimony of the domination the owners would put on the surrounding population. Some villas would occupy or reoccupy, for that matter, places of collective memory, which is sometimes possible to date back from the creation of the city. We can therefore observe a legitimation process of a local power through a family appropriation of a territory’s story.