Soutenance de thèse de Emmanuel PORTE

Ecole Doctorale
ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille
Spécialité
Histoire
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Communautés anthropozoologiques,Environnement urbain,Relations interspécifiques,Animaux errants,Encadrement policier,
Keywords
Anthropozoological communities,Urban environment,Interspecific relationships,Stray animals,police control,
Titre de thèse
L’appel de la rue. Errance animale, communautés anthropozoologiques et encadrement policier dans les sociétés françaises et espagnoles (Marseille, Madrid, 1700-1840)
The call of the street. Stray animals, anthropozoological communities and police control in French and Spanish societies
Date
Samedi 10 Décembre 2022 à 14:00
Adresse
Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme, 5 Rue Château de l'Horloge, 13090 Aix-en-Provence
Salle Georges Duby
Jury
Directeur de these Mme Brigitte MARIN Aix-Marseille Université
Rapporteur M. Éric BARATAY Université Jean Moulin Lyon 3
Rapporteur Mme Catherine DENYS Université de Lille
CoDirecteur de these Mme Eva BOTELLA ORDINAS Universidad Autónoma de Madrid
Examinateur M. Jeff MAUFFREY Aix-Marseille Université
Examinateur M. Arnaud EXBALIN Université Paris X Nanterre

Résumé de la thèse

Hommes et animaux errants entretiennent des relations complexes au sein des communautés anthropozoologiques dans l’environnement urbain. Dans le cadre de cette coexistence se développent des pratiques, des attitudes et des représentations, fruits de nombreuses interactions. Cette recherche, centrée sur une période de mutation dans la visibilité et la considération de ces animaux entre le XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, se propose de prendre pour échelle d’analyse les communautés interspécifiques qui lient les hommes et les animaux errants. Ces derniers renvoient à une réalité zoologique progressivement définie au cours de la période étudiée. Ils constituent un ensemble d'animaux gyrovagues (canidés, porcs, chats) qui interagissent avec les institutions urbaines – police, municipalité, justice, institutions sanitaires et scientifiques –, avec des acteurs particuliers – agents municipaux, éleveurs, métiers de bouche, miséreux... L’étude de ces acteurs éclaire les réalités et les fantasmes qui naissent de la coexistence des hommes et des animaux au sein de la cité, comme les transformations à l’œuvre dans un environnement urbain dynamique. Ces collectifs d’hommes et d’animaux s’inscrivent dans des dimensions spatiale et temporelle qui concourent à faire de la ville des Lumières puis de celle des Romantiques des cadres d’études privilégiés. En effet, l’espace urbain offre un important potentiel relationnel, mettant en évidence les implications de la cohabitation anthropozoologique. Le développement des effectifs urbains, les mutations sociales, économiques, politiques font émerger au cours du XVIIIe siècle de nouvelles problématiques de gestion urbaine parmi lesquelles la question animale trouve pleinement sa place. L’approche comparative franco-espagnole permet d’éclairer des processus qui ne se limitent pas aux cadres nationaux. L’étude vise à rendre compte d’un mouvement général tout en considérant les originalités de villes particulières, comme Marseille et Madrid. La diversité des terrains rend possible, en outre, la mobilisation de sources variées. Actes de la pratique, archives policières, municipales, juridiques, productions scientifiques, académiques, presse générale et spécialisée, sources littéraires et iconographiques permettent d’aborder les multiples questions soulevées par la coexistence des hommes et des animaux errants au sein de l’environnement urbain. La démarche proposée se veut résolument interdisciplinaire. Elle tente de mettre en relation histoire des animaux – par le biais d’une histoire des communautés anthropozoologiques considérant chaque individu comme un acteur inscrit dans une dimension collective – et histoire urbaine – à travers une histoire sociale et environnementale permettant de saisir conjointement les hommes, les animaux et leurs inscriptions dynamiques au sein d’un même habitat. Cette mise en relation va de pair avec un recoupement plus large entre sciences humaines et sociales et sciences de la nature autour de sujets de recherche, de concepts et de méthodes, offrant de nouvelles pistes d’investigation.

Thesis resume

People and stray animals have complex relationships within anthropozoological communities set in the urban environment. This coexistence leads to the emergence of different practices, attitudes and representations, resulting from many interactions. This research, based on a turning point in terms of visibility and consideration for such animals between the eighteenth and early nineteenth centuries, aims to use these interspecific communities that link humans and stray animals as a scale of analysis. Stray animals refer to a zoological reality progressively defined during the period under study. They represent a set of free-ranging animals (dogs, pigs, cats) interacting with urban institutions - police, municipality, justice, sanitary and scientific institutions - and particular actors - municipal officers, breeders, food traders, poor people... The study of these actors sheds light on the realities and fantasies arising from coexisting within the city, as well as the transformations at work in a dynamic urban environment. These groups of men and animals are part of spatial and temporal dimensions that contribute to making the city of the Enlightenment, and later the city of the Romantics, privileged study subjects. Indeed, the urban space offers a relational potential, highlighting the implications of anthropozoological cohabitation. The growth of the urban population, and the social, economic and political changes have thus led to the emergence of new urban management issues during the eighteenth century, amongst which the animal matter has its rightful place. The Franco-Spanish comparative approach makes it possible to endorse the idea of process that are not limited to national frameworks. It sheds light on a global movement while considering the original features of specific cities, like Marseille and Madrid. The diversity of fields also makes it possible to mobilise a variety of sources. Practical acts, police, municipal and legal archives, scientific and academic productions, general and specialised press, literary and iconographic sources make it possible to address the various questions raised by the coexistence of humans and stray animals in the urban environment. The goal here is to present an interdisciplinary approach. It attempts to establish a link between the history of animals - through a history of anthropozoological communities considering each individual as an actor in a collective dimension - and urban history - through a social and environmental history that opens up the possibility of a joint understanding of humans, animals and their dynamic presence within the same habitat. This connection goes hand in hand with a broader overlap between the human and social sciences and the natural sciences in terms of research topics, concepts and methods, offering new investigation possibilities.