Soutenance de thèse de Margot HOFFELT

Ecole Doctorale
ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille
Spécialité
Archéologie
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Archéologie,Carmes,Bâti,Mendiants,Moyen Age,
Keywords
Archaeology,Carmelites,Building,Mendicants,Middle Ages,
Titre de thèse
Les couvents carmélitains en Provence. Etudes archéologiques et historiques sur l'architecture d'un grand ordre mendiant du XIIe au XVIe siècle
Carmelites convents of Provence. Archaeological and historical researches on the architecture of a major mendicant order from the 12th to the 16th century
Date
Vendredi 31 Mars 2023 à 14:00
Adresse
MMSH 5 Rue Château de l'Horloge 13090 Aix-en-Provence
Salle Germaine Tillion
Jury
Rapporteur Mme Quitterie CAZES Université de Toulouse Jean-Jaurès
Rapporteur Mme Pascale CHEVALIER Université de Clermont-Ferrand
Président Mme Anne BAUD Université Lumière Lyon 2
Examinateur M. Jacques CHIFFOLEAU EHESS
Examinateur M. Nicolas FAUCHERRE Aix-Marseille Université
Examinateur Mme Géraldine MALLET Univeristé Paul Valéry - Montpellier
Directeur de these M. Andreas HARTMANN-VIRNICH Aix-Marseille Université

Résumé de la thèse

Véritable mouton noir des recherches menées sur les communautés mendiantes, l’ordre des carmes, et à plus forte raison son architecture, n’ont été que très peu étudiés jusqu’ici et pour cause : les vestiges et les fonds archivistiques conservés des différents couvents établis par les frères sont souvent très lacunaires. Les présents travaux se proposent d’amorcer une rectification de ce différentiel par le biais du croisement des sources archéologiques et textuelles, au profit d’une étude pluridisciplinaire et diachronique, et dans les limites déontologiquement induites par les biais susmentionnés. L’ordre des carmes est fondé en Terre Sainte à la toute fin du XIIe siècle, lorsqu’un petit groupe de religieux décide de s’implanter dans des grottes du Mont Carmel pour y mener un mode de vie érémitique et contemplatif sur les traces du prophète Elie. Officiellement fédérés sous une règle commune approuvée par Albert Avogadro, patriarche de Jérusalem, les frères sont contraints de quitter leur installation primitive à peine quelques décennies plus tard : s’établissant à Chypre, puis en Sicile, ils rejoignent finalement la côte provençale durant le deuxième tiers du XIIIe siècle et y instituent l’une de leurs toutes premières provinces administratives. La province de Provence se développe initialement jusqu’au Languedoc et au Nivernais, avant d’être réduite en 1321 au territoire compressé entre le Rhône, les Alpes et la Méditerranée. Intégrant non moins de quarante-trois fondations, son étude se révèle particulièrement déterminante en cela qu’elle a été créée sinon par la génération fondatrice du l’ordre, du moins par une génération suffisamment proche de cette dernière pour avoir été influencée par les dispositions originelles proche-orientales. Il s’agit donc d’un territoire pivot qui voit le basculement d’établissements essentiellement axés sur l’érémitisme et le troglodytisme vers des établissements conventuels émancipés des aménagements rupestres. Ces recherches doctorales ont voulu questionner l’individualité et l’évolution de l’architecture carmélitaine dans la province de Provence, au travers de l’identification de certains marqueurs spécifiques et de la mise en corrélation des productions architecturales des frères avec leur environnement immédiat – qu’il s’agisse du contexte politique, religieux, social ou technique. Les conclusions tirées du croisement de ces données auront permis de mettre en exergue la persistance de certains caractères qui distinguent l’ordre de ses homologues occidentaux, mais également l’apparition rapide d’une forme « d’acculturation » induite par la circulation des hommes (maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bâtisseurs et artisans). Ces constats permettent de placer l’architecture de l’ordre sous le signe du syncrétisme. En tension perpétuelle entre la conservation de certains témoins identitaires et une propension à l’assimilation, elle incarne ainsi un canevas dont la trame complexe a encore beaucoup à révéler.

Thesis resume

Black sheep of the researches carried out on the mendicant communities, the order of the Carmelites, and even more its architecture, have been subject to only a few studies until now because the vestiges and the archival funds preserved from the various convents established by the friars are mainly incomplete. The present work proposes to initiate a rectification of this differential through the crossing of archaeological and textual sources, for the benefit of a multidisciplinary and diachronic study, and within the ethical limits induced by the aforementioned restrictions. The Carmelite order was founded in the Holy Land at the very end of the 12th century, when a small group of religious decided to settle down in the caves of Mount Carmel to lead an eremitical and contemplative lifestyle in the footsteps of the prophet Elijah. Officially federated under a common rule approved by Albert Avogadro, Patriarch of Jerusalem, the friars were forced to leave their original settlement only a few decades later: settling in Cyprus, then in Sicily, they finally reached the coast of Provence during the second third of the 13th century and established one of their very first administrative provinces there. The province of Provence, initially extended as far as the Languedoc and the Nivernais, before being reduced in 1321 to the area located between the Rhône, the Alps and the Mediterranean Sea. The study of this province, which includes no less than forty-three foundations, is particularly significant in that it was created, if not by the founding generation of the order, at least by a generation close enough to have been influenced by the original Near Eastern architecture. It is thus a pivotal territory that saw the shift from establishments essentially based on eremitism and troglodytism to conventual establishments emancipated from rock carving settlements. This doctoral research aimed to question the individuality and the evolution of the Carmelite architecture in the province of Provence, through the identification of certain specific markers and the correlation between the architectural productions of the friars and their close environment - be it the political, religious, social or technical context. The conclusions drawn from the cross-referencing of these data made it possible to highlight the persistence of certain characteristics that distinguish the order from its Western counterparts, but also to highlight the quick appearance of a form of "acculturation" induced by the circulation of men (project owners, project managers, builders and craftsmen). These observations make it possible to place the architecture of the order under the sign of syncretism. In perpetual tension between the conservation of certain identity testimonies and a propensity to assimilation, it thus embodies a canvas whose complex weave still has much to reveal.