Soutenance de thèse de Marie-Anne ROSSIGNOL

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
LANGUE ET LITTERATURES FRANCAISES
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Marguerite Yourcenar,Littérature française,Japon,Voyage,Littérature et théâtres japonais,Yukio Mishima,
Keywords
Marguerite Yourcenar,French Literature,Japan,Travel,Literature and Japanese theaters,Yukio Mishima,
Titre de thèse
Marguerite Yourcenar et le Japon.
Marguerite Yourcenar and Japan
Date
Jeudi 30 Mars 2023 à 14:00
Adresse
Bâtiment Multimédia 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-Provence, cedex 1
Salle de colloque 1
Jury
Rapporteur M. Vicente TORRES MARIñO Departamento de Lenguas y Cultura Universidad de los Andes BOGOTA
Examinateur Mme Laura BRIGNOLI Université IULM
Directeur de these Mme Corinne FLICKER Aix-MArseille Université
CoDirecteur de these M. Gérard SIARY Université Paris Cité
Président M. Yvan DANIEL Université Clermont Auvergne
Examinateur M. Daniel-Henri PAGEAUX Paris III Sorbonne Nouvelle

Résumé de la thèse

Voyageuse par nature, parce que fille d'un « homme aux semelles de vent (1) », Marguerite Yourcenar a effectué entre 1951 et 1988, pas moins d'une vingtaine de voyages ! Pourquoi le Japon en 1981, et quel Japon ? Si les nombreux pays visités par l’écrivaine nourrissent l’œuvre, si, bien souvent Marguerite Yourcenar crée des personnages voyageurs, les lieux visités, les impressions ressenties, ressurgissent de manière retenue, tout d’abord revécus et analysés avant d’être livrés aux lecteurs. C’est que, pour Marguerite Yourcenar, le voyage est aussi, nécessairement, voyage intérieur. Aussi les traces du pays du Soleil Levant ne sont-elles pas toujours décelables de prime abord. Suivre les pas de Marguerite Yourcenar est souvent un chemin broussailleux puisque l’écrivaine a sans cesse cherché à brouiller les pistes, faisant montre de bonne volonté surtout pour dissimuler ce qu’elle ne souhaitait pas livrer. Ce que je suis en réalité demeure inconnu (2) semble nous jeter, dans le sillage de ces titres de Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar qui a radicalement tenu à conserver Une Chambre à soi (3) . Plusieurs dates pour un même voyage, plusieurs éditions revues pour un même texte, un paratexte mouvant lui aussi, une volonté de tout diriger jusqu’à l’édition de la Bibliothèque de la Pléiade. Parmi les lieux rêvés figure donc en bonne place le Japon, sans doute découvert sur le tard, mais d'abord constitué de ses lectures. Quel était le visage du Japon avant que Marguerite Yourcenar n’en foule la terre ? Nous nous sommes interrogés, à la manière de Marguerite Yourcenar et de ce koan (4) zen qu’elle a choisi comme épigraphe à Souvenirs pieux, rédigé entre 1969 et 1973 et premier volume de la trilogie intitulée Le Labyrinthe du monde : « Quel était votre visage avant que votre père et votre mère se fussent rencontrés ? (5)». Notre recherche explore une dimension plutôt méconnue de la vie de l'écrivaine : les relations de Marguerite Yourcenar avec le Japon. Nous souhaitons faire état de la naissance de cette sensibilité japonaise et des sceaux qui marquent l’œuvre yourcenarienne. Quelle place ce pays occupe-t-il pour l’auteure et dans son œuvre ? Le processus créatif yourcenarien se voit reproduit pour le Japon. Gageons que, sous divers aspects, il parcourt l’œuvre entière, parce que ce Japon personnel est issu de lectures de jeunesse renouvelées toute la vie durant alors que c'est vers la fin de sa vie, de début octobre à fin décembre 1982, que Marguerite Yourcenar, soixante-dix-neuf ans, séjourne au Japon. De ce voyage naissent directement deux œuvres, la traduction des Cinq Nô modernes de Yukio Mishima (1984) et Le Tour de la prison (posthume, 1991). Certaines œuvres de l’auteure, antérieures au voyage physique, présentent un avant-goût certain de cet intérêt pour le Japon : « Le Dernier amour du prince Genghi » (in Nouvelles orientales, 1938, 1ère édition), Mishima ou la vision du vide (1981), d’autres comme la pièce de théâtre Le Dialogue dans le marécage (1932) et sa postface (1969) sont reliées au Japon par l’écrivaine elle-même. Somme toute, cinq œuvres sont directement illuminées par le pays du Soleil Levant. C'est notre projet que d'analyser la représentation du Japon dans l'œuvre de Marguerite Yourcenar. Pour ce faire, nous examinons successivement la bibliothèque de l'écrivain, puis ses premières armes littéraires sur le Japon avec notamment son essai sur l'écrivain Yukio Mishima et enfin son expérience vécue du Japon et la représentation qu'elle en a donnée, tout en essayant de rattacher l'image ainsi constituée à la mythologie personnelle de Marguerite Yourcenar. Mots clés : Marguerite Yourcenar, Japon, voyage, littérature française, bibliothèque d’écrivain, littérature et culture japonaises, Yukio Mishima, théâtres japonais, nô, kabuki.

Thesis resume

Traveler by nature, because she is a daughter of a "man with soles of wind 1", Marguerite Yourcenar made, between 1951 and 1988, not less than twenty travels! Why Japan in 1981, and which Japan? If the numerous countries visited by the writer nourish her work, if, very often, Marguerite Yourcenar creates travelling characters, the places visited, the impressions felt, resurface in a restrained way, first relived, and analyzed before being delivered to the readers. For Marguerite Yourcenar, travel is also necessarily an inner journey. Also, the traces of the country of the Rising Sun are not always detectable at first sight. To follow the steps of Marguerite Yourcenar is often a bushy path since the writer unceasingly tried to blur the tracks, showing good will especially to dissimulate what she did not wish to deliver. What I am in reality remains unknown (2) seems to throw us, in the wake of these titles of Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar who radically insisted on keeping A Room of One's Own (3) . Several dates for the same journey, several revised editions for the same text, a moving paratext, a will to direct everything until the edition of the Bibliothèque de la Pléiade. Among the places she dreamed of, Japan figures prominently, undoubtedly discovered late in life, but first made up of her readings. What was the face of Japan before Marguerite Yourcenar set foot on its soil? We asked ourselves, in the manner of Marguerite Yourcenar and the Zen koan (4) that she chose as the epigraph to Souvenirs pieux, written between 1969 and 1973 and the first volume of the trilogy entitled Le Labyrinthe du monde: "What was your face before your father and mother met ? (5) » Our research explores a rather unknown dimension of the writer's life: Marguerite Yourcenar's relationship with Japan. We wish to report on the birth of this Japanese sensibility and the seals that run through Marguerite Yourcenar's work. What place does this country hold for the author and in her work? The Yourcenarian creative process is also reproduced for Japan. Let us bet that, in various aspects, it runs through the entire work, because this personal Japan is the result of youthful readings renewed throughout her life, while it was towards the end of her life, from the beginning of October to the end of December 1982, that Marguerite Yourcenar, seventy-nine years old, stayed in Japan. From this travel, two works were directly born, the translation of Yukio Mishima's Five Modern Noh (1984) and Le Tour de la prison (posthumous, 1991). Some of the author's works, prior to the physical journey, present a definite foretaste of this interest in Japan: “Le Dernier amour du prince Genghi” (in Nouvelles orientales, 1938, 1st edition), Mishima ou la vision du vide (1981), others such as the play Le Dialogue dans le marécage (1932) and its afterword (1969) are linked to it by the writer herself. Altogether, five works are directly illuminated by Japan. It is our project to analyze the representation of the land of the Rising Sun in the work of Marguerite Yourcenar. To do so, we successively examine the writer's library, then her first literary works on Japan, in particular her essay on the writer Yukio Mishima, and finally her lived experience of Japan and the representation she gave of it, while trying to link the image thus constituted to the personal mythology of Marguerite Yourcenar. Keywords: Marguerite Yourcenar, Japan, travel, French literature, writer's library, Japanese literature and culture, Yukio Mishima, Japanese theaters, nô, kabuki.