Soutenance de thèse de Khalid LOUKID

Ecole Doctorale
ESPACES, CULTURES, SOCIETES - Aix Marseille
Spécialité
Monde arabes,musulman et sémitique
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Protectorat français,tapis marocains,valorisation muséale,collection publique,Histoire,travail genré,
Keywords
French Protectorate,Moroccan carpets,museum outreach,public collections,history,gendered work,
Titre de thèse
Collections publiques de tapis au Maroc : histoire et présentation, travail genré et valorisation muséale, du Protectorat français (1912-56) jusqu’à la création de la Fondation Nationale des Musées (2011).
Public collections of carpets in Morocco: history and presentation, gendered work and museal valorization, from the French Protectorate (1912-56) to the creation of the National Museums Foundation (2011).
Date
Vendredi 22 Novembre 2024 à 14:00
Adresse
Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme (MMSH) 5 rue du Château de l'Horloge 13097 Aix-en-Provence, France
la salle 101 de la MMSH
Jury
Directeur de these Mme Randi DEGUILHEM TELEMMe-MMSH, AMU, Aix-en-Provence
CoDirecteur de these M. Mohammed Saïd EL MORTAJI Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat
Examinateur M. Ouddène BOUGHOUFALA Université Ibn Khaldoun
Rapporteur M. Mohammed CHADLI Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine
Examinateur Mme Nabila OULEBSIR Université Poitiers, CRIHAM (Centre de recherches interdisciplinaires en histoire, histoire de l’art et musicologie)
Examinateur Mme Aude FANLO MUCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée)
Examinateur M. Musa SROOR Unversité Birzeit
Rapporteur Mme Naima CHIKHAOUI Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine

Résumé de la thèse

Cette recherche doctorale examine l’histoire de la constitution des collections publiques de tapis au Maroc depuis l’époque du Protectorat français (1912-1956) jusqu’à la création de la Fondation Nationale des Musées (FNM) en 2011. Elle explore comment ces collections ont été formées, conservées et valorisées à travers un processus complexe mêlant facteurs politiques, économiques et culturels. Le principal objectif de cette recherche est de retracer l’histoire de la constitution et de l’intégration des tapis dans les musées publics marocains. Cette étude s’attache à analyser non seulement la mise en valeur de ces collections au niveau national et international mais aussi l’évolution de la fabrication des tapis réalisés, pour la plupart, par des femmes et l’impact du Protectorat, tant positif que négatif. Nous examinons également le passage des tapis du marché artisanal à leur reconnaissance en tant que patrimoine national. Pour atteindre ces objectifs, notre étude commence par une connaissance et une contextualisation du domaine artisanal marocain à l’époque coloniale et postcoloniale. Cela permet de situer la production des tapis et leur rôle économique, commercial et social. Les politiques françaises de l’époque, axées sur la rénovation du secteur artisanal, sont analysées à travers les dahirs et les lois promulgués pour réguler la production de tapis et d'autres objets artisanaux. La thèse explore également les institutions créées par le Protectorat français telles que la Direction Générale de l’Instruction Publique des Beaux-Arts et des Antiquités, le Service des Arts Indigènes et les musées d’art musulman. Ces institutions sont étudiées pour comprendre leurs rôles, missions et structures ainsi que leur impact sur la gestion de l’artisanat marocain et la constitution des collections. Notre étude questionne également les procédures et les politiques de mise en valeur des tapis, notamment, par le biais des expositions et des foires organisées durant l’époque coloniale. Nous distinguons entre les expositions commerciales et patrimoniales, en analysant comment les événements ont servi d’outils de propagande coloniale. Les tapis, en tant que symboles de l'identité nationale et culturelle du pays, étaient toujours représentés dans ces expositions. Nous étudions ainsi les approches de présentation des tapis, parfois idéologiques, et la segmentation de la société par des classifications politiques des objets comme la catégorisation des tapis ruraux et des tapis citadins. Nous nous intéressons ensuite aux évolutions postcoloniales des collections de tapis et à leur valorisation ainsi qu'aux politiques de préservation et de protection mises en place. En particulier, nous examinons l'état de conservation des collections des tapis hérités du Protectorat et les impacts des réformes muséales après l'indépendance, notamment, avec la création d'un ministère des Affaires Culturelles autonome. Le secteur a connu un changement significatif avec la création de la Fondation Nationale des Musées en 2011 pour la gestion des musées publics marocains. Cette décision a entraîné des répercussions importantes sur le développement des musées et de leurs collections, en particulier, celles des tapis. La création du Musée National du Tissage et du Tapis au sein de l’ancien Musée Dar Si Saïd représente une avancée majeure dans la sauvegarde, la mise en valeur et la promotion du patrimoine textile et des tapis marocains. Cela constitue également une reconnaissance des efforts des femmes amazighes dans la préservation et la transmission de cet art traditionnel.

Thesis resume

This doctoral research examines the history behind the creation of public collections of carpets in Morocco during the French Protectorate (1912-1956) up to the establishment of the National Foundation of Museums (FNM) in 2011. It explores how these collections were formed, preserved and outreached towards the public via a complex process composed of political, economic and cultural factors. The main objective of this research is to retrace the history behind the creation of these collections and their integration into public Moroccan museums. This study not only aims at analyzing the outreach of these collections on the national and international levels but also the development of the production of the carpets, mostly done by women, and the impact of the Protectorate, both positive and negative. We also examine the transition of these carpets as artisanal market items to their recognition as part of the national patrimony. In order to attain these objectives, our study begins with a survey and a contextualization of the Moroccan artisanal domain during the colonial and postcolonial periods. This approach situates the question of the production of carpets and their economic, commercial and social roles. French policies of this period, centered on the renovation of the artisanal sector, are analyzed by studying dahirs and laws promulgated to regulate the production of carpets and other artisanal objects. The thesis also explores institutions created by the French Protectorate such as the General Administration of Public Education of Fine Arts and Antiquities, the Serice for Indigeneous Arts and museums for Islamic Art. These institutions are studied to understand their roles, missions and structures as well as their impact on the management of Moroccan artisanal production and the creation of the collections. Our research also studies the procedures and policies of outreach towards the public concerning these carpets, especially, via exhibitions and fairs organized during the colonial period. We distinguish between commercial and patrimonial exhibitions by analyzing how these events served colonial propaganda. These carpets, as symbols of national and cultural identity of the country, were always represented in these exhibitions. We thereby study the manner of presenting the carpets, which sometimes comprised an ideological approach, and the segmentation of Moroccan society into political classifications of objects such as the categorization of rural carpets and urban carpets. Afterwards, we study postcolonial developments of carpet collections and outreach policy towards these collections as well as preservation and protection policies. We especially examine the state of the conservation of carpet collections inherited from the Protectorate and the impact of museum reforms after independence, in particular, with regard to the creation of an autonomous Ministry of Cultural Affairs. The sector saw a significant change with the creation, in 2011, of the National Foundation of Museums which supervises all public Moroccan museums. This decision brought important repercussions concerning the development of museums and their collections, in particular, those comprised of carpets. The creation of the National Museum of Weaving and Carpets situated within the former Museum Dar Si Saïd represents a major advancement in the protection, the outreach and the promotion of textile patrimony and Moroccan carpets. This equally constitutes a recognition of Amazigh women in the preservation and the transmission of this traditional art.